20 février 2011
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Après "Afro Blue" publié il y a quelque temps, voici une nouvelle pièce tout
aussi passionnante de l'album "Live At Birdland" enregistré en
1963. Cette même année, le 15 septembre, quatre fillettes noires sont tuées dans l'explosion d'une bombe dans l'église baptiste de la 16ème rue de Birmingham. Deux mois plus tard, Coltrane
enregistre Alabama en hommage aux fillettes. Cet attentat fut perpétré par le Klan, encore vivace en Alabama et ciblait un centre actif du mouvement des droits civiques. La manifestation de
protestation face à ces assassinats est, elle aussi, endeuillée par la mort de deux autres adolescents (13 et 16 ans), qui ont eu le tort de croiser la route de la police.
On resent l'hypersensiblilité de John Coltrane dès les premières notes. L'expression de son receuillement se veut la plus intime et la plus respectueuse possible mais renferme une force tragique
indéniable. Une oeuvre incoutournable.
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Vidéos
19 février 2011
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« Je veux faire une musique intéressante à la première écoute comme à la centième ». C’est en substance l’idée de Brent Knopf pour la composition du premier album du projet
Ramona Falls, "Intuit", paru en 2009.
Emergence futuriste et fruit de l'émancipation artistique du jeune homme issu de Portland, Ramona Falls sonne d'entrée comme une réminiscence partielle du groupe, non moins
futuriste, Menomena, avec lequel Knopf officie depuis plus de 7 ans (et bientôt sur ces pages). Il n'y donc rien de vraiment surprenant à pouvoir palper cette filiation, à se
sentir aussi bien en sa compagnie, d'autant que Brent y a mis sur la table tout son coeur et toutes ses tripes pour y exprimer des émotions qu'il lui était parfois difficile de faire partager au
sein de Menomena.
5 mois de travail acharnés seront nécessaires à la production de ce flot d'effervescence maîtrisé, ainsi qu'un boulot monstre de studio pour reprendre les boucles séquencées et retravailler les
bandes des quelques 35 musiciens qui sont venus prêter main forte à ce cerveau insatiable et "illuminé". Et le résultat est à la mesure de nos espérances (du moins des miennes), car il n'y a
finalement pas grand chose à redire sur ce disque (vous jugerez vous même). Intemporel et très intelligemment mené, "Intuit" est une sorte de condensé quasi idéal représentant à lui seul une
partie non négligeable de toute la mémoire indie rock américaine. Tout y est jeté avec une parcimonie déroutante et un regain de sensibilité accrue poussant naturellement au respect de l'oeuvre,
qu'on l'aime ou qu'on la rejette. Non seulement l'imbrication de tous ses éléments est parfaite tout en étant relativement unique (pour le moins très rapidement identifiable), mais en plus il n'y
a pas l'extrémisme que l'on retrouve dans certains groupes qui poussent sans arrêt l'élitisme à un degré de sauvagerie tel qu'ils sont presque les seuls à en comprendre le but (je reconnais
ceci-dit qu'il en faut pour tout les goût). Le but de Ramona Falls est d'abord de vous divertir dans la légèreté, pas de vous plomber le cerveau pour y fouiller à l'intérieur.
Place donc aux mélodies chaudes et aux vagabondages bucoliques et enivrants (ça c'est pour dire que vous pouvez y aller les yeux fermés).
Même si Bent Knopt assure qu'il est quelqu'un de très introverti et qu'il a mis dans ce disque beaucoup d'élements contrastés relatifs à son histoire personnelle, le but était
d'abord de pousser à l'interaction de nombreuses singularités, pour la plupart musiciens ou amis, afin de ne pas avoir à rester seul enfermé dans son studio. Et lorsqu'il prend la route et monte
sur scène, Dear Reader le suit de près et assure le show tandis qu'il se retrouve à devoir manipuler un clavier midi bourré de boucles et de sons.
«Ca a l’air facile, et quand on réécoute on trouve ça étrange, pas orthodoxe. Quelque chose de simple va avec autre chose de tout aussi simple, pour finalement donner quelque chose de nouveau. Ma
façon de créer des morceaux est d’ajouter plein d’idées, ce qui a l’air confortable à la première approche mais est également intéressant au fur et à mesure des écoutes. Ma musique préférée, je
peux y entendre quelque chose de nouveau à la centième écoute».
Et croyez moi la route est longue.
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Myspace
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Indés
17 février 2011
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Amis audiophiles de toutes parts et fidèles adorateurs des prémices du mouvement funk/rock psychédélique du début des
années 70, soyez rassurés, car voilà un disque plein d'espoir qui mettra tout le monde d'accord. Un modèle du genre à prescrire de toute urgence à tous les nostalgiques de la période folle des
premiers albums de Funkadelic, j'ai nommé le magnifique et
remarquable "A Precription For Miss America" du groupe Drugs paru en 2002 sur le label français Kraked, ou comment orchestrer avec finesse et grande classe un retour en
force de l'état d'esprit hippie tel que nous l'apprécions, et à l'origine de tant de bons groupes électriques que nous continuons encore aujourd'hui de saluer comme il se doit, sur ce blog ou
dans nos coeurs.
La musique de Funkadelic a dans le mien une place à part, aux côté de Miles Davis, John Coltrane, Neil Young ou Betty Davis, au point de ne pas concevoir que l'on puisse s'y frotter de trop
près sans risquer de ma part des remarques désobligeantes quant à l'ambition ratée d'une quelconque réappropriation d'ornements.
Et bien cela tombe bien, car concernant Drugs il n'y a aucun risque pour que cela n'arrive, puisque la
plupart de ses membres ont participé de l'intérieur à l'avènement de toute cette vague nommée P-Funk ou Soul Psychédélique. Sur l'ordonnance figurent des noms biens connus de musiciens et de
chanteurs ayant joué au sein de la troupe de George Clinton, à savoir Gary "StarChild" Shider (guitare-chant, et figure légendaire de Funkadelic et Parliament depuis 35 ans),
Michael Clip Payne (clavier-chant, lui aussi membre des 2 formations) et Lige Curry (bassiste avec le P Funk All Stars et les Incorporated Thang Band), ces
derniers accompagnés de Robert « Chicken » Burke (Carl Hancock Rux) à la batterie et aux chants, Joey Eppard et Adam Widoff (guitares),
Stéphanie Mc Kay (Talib Kweli, Carl Hancock Rux ou bien Tricky), et Jen Leigh aux chœurs. Face à un tel line-up, et même si nous ne sommes plus en 1970 mais en
2002, pas besoin de vous faire un dessin sur les attentes que nous étions en droit d'espérer. Mais qu'en est-il réellement de leur musique?
Rassurez vous, cet album (le seul que cette époque ait produit à ce jour) répondra parfaitement à toutes vos attentes de
gros son bien gras qui traine ses guêtres de parrain du milieu là où d'autres n'en seraient encore qu'à trainer sous les jupes de leurs mères. Expérience oblige, c'est dans une décontraction
totale que vous y retrouverez certains des apparats stylistiques faisant les beaux jours de Funkadelic, du chorus de guitare planant à souhait comme nous le jouait le regretté Eddie Hazel, jusqu'aux vocalises reprenant certaines signatures estampillées
Bill Nelson. Du grand art que l'on croirait tout droit sorti du concert de Woodstock et qui semblerait s'être perdu à l'ère du 21e siècle, digne de notre plus grand respect pour la claque
stéréophonique qu'il nous inflige durant plus de 50 minutes de douce nostalgie qui vous laisseront pantois, avant que vous ne retrouviez vos esprit pour réalisier que vous venez de faire un
voyage de plus de 40 ans. Indispensable.
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Funk-Rock
15 février 2011
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J'ai coutume de dire qu'écouter une telle oeuvre serait comme d'entreprendre un voyage initiatique entre rêve et réalité, à l'écart du monde moderne, loin du tumulte des civilisations du
conscient, loin des schémas vitaux prédestinés, pour laisser place à une poésie sensorielle où le lâcher prise prendrait le dessus sur le conditionnement relatif à l'individu; un état déformant
qui nous pousse à nous inclure dans le monde du vivant plutôt que dans celui de l'impalpable, celui de l'inconscient, pourtant tellement nécessaire à l'épanouissement du corps et de l'âme.
Steve Reich est de ces êtres ayant compris l'intérêt vital d'un tel acte, capable de transmettre tout cela à la fois de manière si naturelle qu'il est d'abord déroutant de s'y
frotter, puis profondément agréable d'y plonger à corps perdus, le temps d'en percevoir toutes les subtilités et les messages partagés. Un Hyperboréen, un illuminé de la trempe d'un Arthur
Rimbaud ou d'un Pablo Picasso qui marquera l'Histoire comme peu y seront parvenus. Il nous inclut dans un monde façonné avec un soin et une pureté hors du commun, celui de la vision d'une musique
qu'il a voulue pour 18 musiciens et qu'il aura mis presque 2 ans à voir se former sous ses yeux. Le travail d'une vie, et celui d'une consécration sans aucun doute justifiée pour ce compositeur
américain. En 1 mot, une "contemporanéité" indémodable et immuable pour une oeuvre majeure de l'histoire de la musique contemporaine.
Les notes parviennent à nos oreilles comme autant de vibrations élémentaires le temps de 2 pulsations (les mouvements), et de 11 sections (les modulations), sur 58 minutes d'une prestation
orchestrée par l'Ensemble Modern en 1997, lui-même supervisé par le maître en personne qui leur accordera son soutien (l'oeuvre originale est parue en 1978 sur le label ECM et durait plutôt 56
minutes).
Cette musique est trop difficilement définissable pour que je m'étende sur le pourquoi du comment d'un tel monument (je vous laisse suivre ici le lien de cette toile). Beaucoup ont déjà écrit sur le sujet, mais l'essentiel réside d'abord et avant tout dans la subjectivité de
chacun face à l'aura et à la force de "Music For 18 Musicians". Une force tranquille et apaisante qui pousse
indéniablement à l'introspection de soi, à l'abandon serein. J'imagine d'ailleurs qu'il pourrait être facile de rentrer en transe si le disque durait plusieurs heures (cela s'est déjà fait lors
de certains concerts). Car le but n'est pas écrit, et c'est bien là tout l'intérêt du travail de Steve Reich. Ce n'est qu'une trame minimaliste mais très savante fondée sur des motifs répétitifs.
La forme pourra donc variée selon l'interprétation ou l'endurance des musiciens face aux partitions, certains allant jusqu'à s'échanger leurs instruments en plein concert.
Mais cette musique "hors-norme" ne se dévoile pas si facilement. Elle demandera à ce que nous l'apprivoisions et profèrera des mélodies charmeuses aux harmonies provocatrices afin que nous nous
en emparions plus aisément. Son influence est grande mais certains seront trop farouches pour y répondre. D'autres, une fois touchés, ne la lâcheront plus. On l'aime ou on ne l'aime pas, la
demi-mesure n'ayant pas sa place dans ce débat. Pour moi, elle est une accompagnatrice idéale lorsque l'instant se prête à notre rencontre. Un moment qu'il faut préparer et non provoquer, pour
que l'osmose s'établisse (chacun y comprendra bien ce qu'il veut). Plus je l'écoute, et plus je reconnais qu'il y'a du génie dans chacune de ses phrases. C'est ce qui me fait dire qu'elle est
idéale et unique en son genre, et que je l'aimerai toujours.
Par facilté technique et pour un meilleur confort d'écoute, j'ai préféré vous laisser la version publiée chez ECM. La prestation de l'Ensemble Modern est idéale pour sa qualité
de son meilleure, mais sur le cd les pistes sont "marquées" et risqueraient d'entrecouper toutes les fins de sections.
Enfin, en plus d'une disponibilité évidente de votre part, cette oeuvre mérite un système audio correct avec un bon rendu acoustique.
Tout est fin prêt.
Enjoy..
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Chefs-d'Oeuvre
13 février 2011
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Simplement grand
Un bohneur absolu
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