Voici pour moi l'exemple type d'un album unique et ovniesque qu'aucune étiquette ne saura jamais identifier clairement. Du genre on le voit passer et on se demande encore si tout ça est bien réel ou si c'est notre imagination qui nous joue des tours. Motif de l'hallucination notoire: Matthew Shipp, William Parker, Beans et Hprizm ont remis le couvert en sortant "Knives Form Heaven" courant 2011, et ce vaisseau là ne sonne comme aucun autre truc venu de Terre.

Les observateurs à lunettes extraterrestres l'auront déjà aperçu en 2003 sous la forme d'Antipop Consortium ("Antipop Vs Shipp"). La rencontre s'était bien passée, et même si le message codé qu'ils ont tenté de nous faire parvenir reste encore bien caché, les spécialistes continuent de plancher sur la question. Surtout que pour ce deuxième passage repéré furtivement en juin 2011 un soir de ciel d'orage, la bande à Matthew (droit d'aînesse oblige) semblait avoir beaucoup de choses à nous dire. Intéressantes ou non, chacun jugera. Leurs intentions avaient en tout cas changé en beaucoup de sortes. A tel point qu'il n'y a aucune réelle comparaison possible entre ces 2 entités totalement distinctes.

"Knives From Heaven" tranche dans le sombre et dans l'électronique. Autant être clair, ce n'est pas un disque que l'on prend à la légère. Plus encore qu'il y a 8 ans, le travail de ce quatuor n'a été soumis à aucun compromis artistique, à commencer par le tracklisting "punk" de 20 morceaux très courts où s'entremêlent des productions, le plus souvent instrumentales, variant entre une extrême liberté d'écriture et de forme d'une part (la plus grande partie de l'album), et un calibrage ultra efficace, dans les standards du très bon hip hop, d'autre part (les titres sur lesquels posent Beans et Hprizm). Le plus difficile serait encore de se frayer un chemin entre tout cela. Pas évident à saisir, mais pour tous ceux qui n'ont pas peur des nouvelles expériences, notoirement addictif.

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