Quelle énergie et quelle vitalité qui se dégage de cette femme. Tellement d'assurance qu'elle en a dérouté plus d'un, Miles Davis le premier, qui dira d'elle qu'elle était « trop jeune et trop sauvage ». A l'époque la liberté qu'elle exprimait ne passait vraiment pas et elle sera d'ailleurs souvent boycottée lors de ses tournées américaines et fréquemment interdite d'antenne. Il faut dire que miss Mabry parle cru et en dérange plus d'un. L'Amérique puritaine bien-pensante et conservatrice s'élève contre les mots de l'artiste, les jugeant trop sexuellement expicites et allant à l'encontre des idées religieuses du pays.
Bien sûr aujourd'hui une telle situation prêterait à sourire, et les américains se sont d'ailleurs bien rattrapés depuis en nous balançant à tour de bras des produits "marketés" ressemblants fortement à ce que faisait déjà Betty dans les années 70, avec tout de même une importance de taille. Seul ne compte aujourd'hui que l'emballage, le contenu n'ayant finalement que peu d'interêt, différence évidemment énorme avec ce que proposait Betty Davis. Le fait est qu'elle était en avance sur son temps, et que si les femmes de l'époque n'y voyaient là que débauche et libertinage, les femmes d'aujourd'hui lui doivent beaucoup, au moins autant que si elle s'était appelée Marilyn Monroe.
Elle était avant-gardiste dans ses idées mais aussi dans sa musique. Personne ne ressemblait à Betty Davis et personne n'aurait d'ailleurs vraiment pu lui ressembler. La rage qu'elle exprimait en chantant avait quelque chose de bestial et de féroce qu'on ne retrouve chez aucune autre chanteuse du genre. Avec des musiciens très pros et pour la plupart venant de groupe tel que Sly And The Family Stone ou Graham Central Station, elle s'assurait d'une formation hyper efficace et techniquement prête à réaliser ses moindres désirs artistiques. Ecoutez déjà le titre que je vous propose et vous comprendrez de quoi je parle. La lionne est lâchée et prête à bondir sur toutes les notes, tel un fauve face à sa proie.
Un 2e album forcément à la hauteur et qui mêle rock et funk, évident de groove et d'envie de sonner fort et bien. Pour le dire simplement, ça tourne méchamment du début à la fin et je ne comprends toujours pas comment le public de l'époque a pu se laisser berner et passer à côté de cet ovni féminin (si seulement internet avait existé).
Après tout, ne serait-ce que parce que la miss a su influencer Miles en le poussant à écouter, puis à se mettre à l'électrique. Cela me paraît déjà suffisant pour faire d'elle une star indétrônable.