Ce soir en passant dans mon Franprix de quartier je me suis demandé pourquoi les caissières auraient à endurer plus qu'il
n'en faut. D'abord, un boulot pas vraiment passionnant payé au lance-pierres. L'indifférence des clients, souvent chiants, à qui vous devez vous efforcer de ne pas en coller une avec la courgette
rampante ou tout autre condiment adéquat trainant sur le tapis dévoreur, tandis que l'autre vous réclame la remise de 20 centimes comme exigé sur le paquet de lessive à 10 euros. Des journées
interminables sans réelle reconnaissance pour les efforts fournis et, comble du désespoir, 8 heures ou parfois plus, à devoir supporter la musique que diffusent ces magasins. Avec ses hauts
parleurs criards fixés au-dessus de votre caisse qui geignent en continu toute une guimauve insipide de "tubes" de l'année, avouez qu'il y a de quoi devenir fou, ou plus exactement dans la cas
présent, folle (pardonné mon exactitude mais en 12 ans je n'ai jamais vu un homme à la tâche). Pour ma part, un passage de 10 minutes suffit déjà à me mettre les nerfs en pelote. Aussi je me
disais qu'avec un bon petit Natural Yogurt Band, et bien mon Franprix il aurait quand même un peu plus la classe, et mes copines caissières seraient plus détendues. Bien sûr que la musique joue
sur les nerfs, tout le monde le sait. En plus faut reconnaitre que dans un magasin de victuailles le nom s'y prête bien. Un bon yahourt anglais, très typique, dans le rayon frais. Saveurs au
choix, avec en prime un rien de psychotropes. Et puis aujourd'hui c'est cadeau. J'veux en voir défiler sur le tapis noir. Y'a pas de raison que ce soit toujours les mamies nova ou autres
crèmières sorties de leurs fermes à la paille alignée qui engrangent le magot.
Parce que ce Yogurt là, il a ce petit quelque chose en plus qu'avait bien relevé les types de Jazzman Records (ah y sont
fort ces testeurs quand même). Mais pour en exporter un peu plus, assurer une distribution de réédition en bonne et due forme, c'est la maison Stone Throw qui s'en est chargée. Et je la remercie
encore pour son travail bien fait. Je commençais à en avoir marre de me retrouver devant cette interminable vitrine de yahourt. C'en devenait perturbant de constater de l'offre, pour finalement
regretter du choix. Dans la pub télé, y'a une nana qui disait qu'avant d'avoir essayé ce fabuleux Yogurt anglais que ses amis Miles Newbold et Wayne Fullwood lui avaient rapporté de leur frigo de
Nottingham, tout lui apparaissait insipide et uniforme. Ben pour moi c'était pareil. A force tout finissait par avoir le même goût. Alors j'ai changé de crèmerie. Faut aussi dire que la première
fois ça a été tellement étonnant que j'ai bien regardé l'emballage, une deuxième, puis une troisième fois, vu que je n'avais jamais rien mangé de tel. Mais comme il n'y avait presque rien à lire
dessus et que je ne retrouvais pas sa composition, je l'ai quand même terminé, sans trop me poser de question. Goulûment et les cheveux dressés sur la tête (allez savoir). Je me souviens aussi
que dans la pub, radio cette fois, la voix disait qu'on ne pourrait jamais rien trouver de semblable en magasin. Pour avoir fait le tour de la question, en avoir comparé beaucoup tout en
continuant néanmoins à manger d'autres aliments que mon Franprix me vantait, parce que je ne suis pas fou, et que je ne fais pas que me goinfrer de produits laitiers à longueur de journée, je
crois pouvoir dire, pour la première fois, et de manière solennelle, qu'effectivement, ce Natural Yogurt Band là est unique, inimitable, et avec sans doute un peu de LSD.
Paix sur les caissières. Offrons-leur des boules quiès ou du Yogurt anglais.