11 août 2013
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Oubliez l'appellation de "world music" et préférez le terme de musique monde, un nom qui sied mieux au registre lexical de cette formation, à l'origine complémentaire de par l'association de deux instruments cousins que le temps et l'histoire ont façonnés à l'image de la culture de chacun d'eux, le balafon d'un côté et le vibraphone de l'autre, le premier étant de nature à transmettre les traditions dans le plus simple appareil, d'une qualité naturelle tirée de la nature elle-même, un bois chaud qui résonne comme les marques du temps sans rajout de substance extra terrestre, le second ayant pris forme en occident bien après, et de manière bien différente, métallique et brillant, se parant d'apparats sonores et d'effets modulatoires complexifiant la résonnance et le rendu brut de l'instrument, allant parfois jusqu'à distordre totalement sa couleur et son timbre selon la disposition que le musicien souhaite en faire. Ce sont des frères éloignés par les traditions, mais néanmoins des frères, que cet album regroupe l'espace d'un instant sous le registre de la fraternité naturelle; une retrouvaille du coeur chantée par la poésie de la musique, entre continents et peuplades, par tous les axes du globe humain, simplement pour dire comme il est beau de se sentir vivre ensemble.
Lansiné Kouyaté : balafon
David Neerman : viraphone acoustique et électrique
Ira Coleman : basse
Laurent Robin : batterie
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Afrique
31 août 2012
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17:25
Un petit tour au Sénégal en compagnie de Cheikh Lô, ce Baye Fall charismatique que beaucoup de gens en France
ont tendance à assimiler, à tort, au mouvement rasta. Membre de la confrérie Mouride (un mélange "folklorique" de la religion musulmane et des différentes croyances animistes encore en cours dans
le pays), ce chanteur et musicien talentueux et autodidacte en quête constante de fusion des genres a un parcours artistique relativement atypique par rapport à d'autres célébrités locales A la
différence de beaucoup d'entre elles, jamais il n'a "limité" le son de ses productions aux sonorités essentiellement m'balax, ces rythmes syncopés joués aux sabars que l'on retrouve partout en
Afrique de l'Ouest depuis plus de 20 ans et qui font danser les foules. Et si beaucoup de ses textes sont écrits en wolof, la langue courante sénégalaise, ses albums restent incomparables en bien
des points de la majorité des disques venant d'Afrique, à commencer par leurs inspirations aussi bien sud-américaine qu'européenne ou l'utilisation d'instruments venus des quatre coins du
monde.
Il s'en est écoulé du temps depuis "Ne La Tiass" produit en 1996 par Youssou N'Dour. Presque 10
ans ont passé, "Bambay Gueej" a suivi en 1999 avec déjà des tonalités sud-américaines, mais jamais il n'a précipité les choses ni accéléré la cadence de ses sorties officielles,
préférant de loin travailler selon ses désirs d'évolution, au point de voir sa musique se métisser à chaque fois un peu plus, jusqu'à ce "Lamp Fall", autre petite pépite colorée qu'il
serait dommage de louper et 3e d'une série qui en compte aujourd'hui 4.
On y retrouve des notes de samba, de reggae, de musique cubaine, de blues, de flamenco, et puisque l'homme est pieux s'y
ajoutent des prières dirigées vers Cheikh Ibra Fall (le fondateur de la caste des Baye Fall, présent dans nombre de cérémonies ou de représentations picturales au Sénégal, et
forcément loué par Cheikh Lô), l'évocation de sa foi et des batailles à mener en Afrique pour l'éducation, la paix, ou la santé des africains (la morale reste très présente dans
beaucoup de ses textes), et bien sûr de l'amour (pour la belle Mademoiselle Marthe N'Galula), tout cela entremêlé de vibrations fraternelles et chaleureuses ressenties dès les premières notes de
"Sou", et jusqu'à "Zirkoulah" en piste 13, l'ensemble des morceaux étant orchestré de main de maître par un florilège de musiciens qui ont enregistré à Londres, Dakar, ou Bahia.
Comme de coutume je vous fais part de mes préférences en 5 titres, et si l'envie vous venait d'acheter l'album ou de vous renseigner plus en détail, les liens habituels.
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Afrique
5 février 2012
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Descendant naturel d'une grande famille de griots maliens, Mamadou Diabate joue de la kora depuis son
plus jeune âge en compagnie de son père, le célèbre Djelimory (N'fa) Diabate, qu'il rejoint à Bamako dès l'âge de 4 ans. Parcours "classique": initiation auprès
de l'Ensemble Instrumental du Mali, puis premières armes lors des mariages et des baptêmes. A 15 ans, il est déjà une star à Kita et dans la région de Kayes, mais c'est lorsque son cousin
Toumani l'encourage à le suivre pour une
tournée dans tout le pays que Mamadou gagne définitivement son statut de grand musicien auprès de la population et des riches notables le priant de jouer pour eux le temps de quelques louanges
convenues. En 1996, alors âgé de 21 ans, il part avec l'Ensemble du Mali aux Etats-Unis où il finira par s'installer. New York devient désormais son terrain de jeu. Le jeune homme continue de
s'émanciper auprès de la diaspora dans toutes sortes de cérémonies culturelles ou d'institutions, faisant découvrir au monde son art et l'histoire qui l'a vu naître. Comme souvent avec la musique
de l'Afrique de l'ouest, le respect des mélodies et le soucis du jeu dans la tradition reste un impondérable de la vie d'un griot. La musique de Mamadou ne déroge donc pas à la règle. Même si au
gré de ses rencontres il lui arrive de jouer du blues (avec Eric Bibb ou Guy Davis), ou du jazz (en compagnie de Donald Byrd ou de Randy Weston), c'est avec ses albums de musique classique et
traditionnelle que je l'apprécie le plus. Behmanha est de ceux-là. Joué solo, il est une oeuvre authentique
pleine de lyrisme et de tact que je vous conseille vivement d'écouter.
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Afrique
4 janvier 2012
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19:58
Tous les albums du célèbre groupe sénégalais nommé "Etoile de Dakar" sont de vraies pépites musicales. Avant de
devenir une institution à lui tout seul, Youssou N'Dour y a fait ses premières armes, au grand dam de son père qui aurait préféré le voir suivre ses études plutôt que de
rejoindre la tradition griotte léguée par sa mère. Après une escapade au sein du tout aussi respecté Super Diamono, "You" rejoint à la fin des années 70 quelques uns des
meilleurs chanteurs et musiciens du pays et décide de former avec eux ce qui deviendra vite l'une des toutes meilleures formations du Sénégal. Les 4 volumes existants sont tous excellents et
préfigurent à eux seuls ce que sera dorénavant le Mbalax. Malgré quelques retouches des différents masters, il est impossible de trouver de "bons" enregistrements de l'époque. Le son reste très
"médiocre" mais préserve aussi toute l'authenticité de l'oeuvre.
On s'y fait ou non, on aime ou pas cette impression "d'amateurisme", mais qu'on ne s'y trompe pas, car c'est bien de
virtuosité dont il est question ici. Le guitariste soliste Badou N'Diaye est magistral, tout comme les chanteurs Mar Seck, El Haji Faye, et Eric M'Backe
N'Doye. Et que dire du meilleur joueur de tama du Sénégal, Assane Thiam, qui a lui seul donnera le tempo et les attaques rythmiques de toutes les futures danses reprises
un peu partout à travers le pays.
Pour moi il ne fait aucun doute que cette musique est la meilleure qu'ait jamais produite Youssou
N'Dour, voire l'une des toutes meilleures qu'ait produit le continent africain ces 30 dernières années.
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22 février 2011
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La jeunesse dakaroise n'est pas prête d'oublier qui il fut, et
celui qu'il est encore. Dans les années 70 elle l'a unanimement élevé au triomphe, trop heureuse de trouver en lui le porte voix unificateur de leurs attentes déchues. Les radios indépendantes se
faisaient l'écho de son message et diffusaient sa musique alors qu'il n'était engagé par aucun contrat. Sa carrière de footballeur avortée, il a suivi l'intuition de Baïla
Diagne, qui, après avoir décelé chez le jeune homme des capacités de chanteur certaines, le prédestinait à une brillante carrière d'artiste musicien. Il l'a suivi sans faillir, orientant
son jeu en opposition avec la tradition sacrée des griots, n'hésitant pas à dénoncer les pratiques en cours d'un Etat aveugle et sourd, bien loin des réalités journalières que pouvaient
vivre les citoyens. Souvent taxé de marginal parmi les conservateurs, fidèles adorateurs de moeurs et de coutumes immuables (pour faire simple, par les vieux), la modernité de son discours unifia
toutes les banlieues et cristallisa en une force majeure tous les laissés pour compte de cette politique univoque contestée par la majorité. De plus, le son de son groupe emprunté au jazz ou au
reggae faisait fureur dans toute cette fange de la population (bien plus prête que ses aînés à embrasser le changement), et des millions d'adolescents, hommes et femmes, souvent pauvres et sans
travail, se reconnaissaient en lui.
Omar Pene était l'idole des jeunes (il l'est encore) lorsqu'il officiait parmi le Super Diamono de Dakar, groupe majeur des années 70 en "concurrence"
directe avec le non moins exceptionnel "Super Etoile De Dakar" de Youssou N'Dour. Comme lui, il reste encore aujourd'hui l'un des artistes sénégalais
préférés de la diaspora (même si "You" a depuis nettement viré sa cuti et perdu de son ampleur). Passé maître de la chronique sociale de son pays (vous l'aurez compris), fidèle à ses valeurs et à
son "rôle" d'orateur populaire, il place les rythmes mbalax sur le devant de la majorité de ses productions.
A ce titre, les connaisseurs admettront que "Myamba" n'est pas vraiment l'album le plus représentatif de son oeuvre. Dans les rues de Dakar et d'ailleurs, il est plus fréquent d'entendre les
tubes qu'il a produits au pays (vous en aurez bientôt quelques échantillons) plutôt que ces morceaux, pas assez parlant pour beaucoup de sénégalais, et manquant quelque peu d'aspérité. Epaulé par
le producteur Olivier Bloch-Lainé, Omar Pene souhaitait parvenir à travailler sur ce qu'il appellera le "mbalax cool", un métissage de sonorités
entre Afrique et Occident orientant l'écriture vers un rendu plus "conventionnel", et surtout plus adapté à l'exportation du projet. Bien sûr, les sabars et autres djembés sont toujours présents,
mais l'esprit général change vraiment des habitudes du chanteur.
100% acoustique et très harmonieux, le dépouillé "Myamba" met l'accent sur les mélodies plus que sur les rythmiques frénétiques du mbalax traditionnel, et, disons-le, c'est mon principal "regret"
sur ce disque. Quelques embardés dans la conception auraient été les bienvenues, mais qu'importe, car loin de décevoir la majorité de ses adorateurs, il permettra surtout au public international
de découvrir cet artiste sans craindre de se trouver floué par la marchandise, ce qui reste non négligeable.
«On a mis du temps à préparer ce disque, car on cherchait une certaine couleur. Je suis ouvert et j’aime bien découvrir, mais on m’a toujours connu avec le Super Diamono et c’était très important
de garder notre cachet. On voulait changer tout en préservant l’authenticité de notre musique. On a fait plusieurs tests, on a travaillé dans une bonne ambiance. Je n’ai pas assisté à toutes les
étapes car j’avais des concerts, mais j’étais satisfait du résultat».
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