Il y aurait du copinage derrière la promotion de ce disque que cela ne m'étonnerait pas. C'en est même risible tant tout
le monde semble d'accord. L'influence de Radio Nova, les réseaux professionnels, les critiques bienveillantes; autant dire que le "lobbying" commercial fonctionne à plein tube pour nous vendre le
nouvel album de Blundetto comme une référence incontournable de ce début d'année. Aussi je dis STOP! Que le public ne s'y trompe pas. Mélomanes et auditeurs,
fidèles lecteurs à la recherche de bon son, on nous ment, on nous spolie. "Warm My Soul" n'a tout simplement rien de l'opus original et "groovy" dont l'affublent certains. Il est même très décevant en bien des points, à
commencer par un mix ultra plat qui n'arrange pas ses affaires.
Le producteur parisien Max
Guiguet officiant comme DJ sur Nova nous sert un disque plus tiède que chaud, bien loin du bouillonnement
créatif dont se gargarisent la majorité des observateurs à son égard. J'ai pour ma part la prétention de rester objectif dans mes "analyses", pour le pire et pour le meilleur, tout comme je
refuse de me fourvoyer dans des considérations unanimistes que je n'assumerai pas (et je ne vous parle pas des considérations économiques). Seule la musique compte, et de ce point de vue,
contrairement à bon nombre de journalistes dont on peut se demander s'ils ont vraiment écouter l'album, je revendique le droit à l'expression libre et critique. Car après tout, les disques qui
jonchent mes étagères ne me parviennent pas par coursier express ni sur les recommandations de maisons de disques. Je dépense mes propres deniers pour l'achat de musique (une catégorie en voie
d'extinction), et suis donc en droit d'en dire tout le bien ou le mal que j'en pense, sans autre gage de complaisance que celui de la qualité perçue. Et là franchement, je le crie. ARRETEZ LA
MASTURBATION!
"Warm My Soul" mérite à peine la moyenne, n'en déplaise à la majorité ou encore à son
auteur. Tout juste satisfera t-il quelques adolescents trop habitués au format FM et qui y trouveront probablement une démarche "audacieuse" dans ce mélange reggae et "électro", mais je doute que
passée la vingtaine la gageure artistique ne passionne les foules. Les 5 premières secondes de "Rocroy" débutent comme du Pupajim sans le chant, classique mais pas
follichon, avant d'orienter son refrain vers des couleurs cuivrées d'Ethiopie tellement usées et prévisibles que j'en suis resté désabusé. Le morceau se termine en queue de poisson, comme s'il
s'agissait d'une séance de répétition plutôt que d'une captation en studio d'enregistrement. "It's All About" debute pas mal, sorte d'erzatz orchestré d'une production old-school de
RZA. Son faux-air de Wu Tang ne dure cependant qu'un temps, jusqu'à ce pont horrible intervenant à 1 minute 20 qui empêche à lui seul de s'attarder sur le thème
tant les vocalises sont pompeuses et sans intérêt. Dommage et fort regrettable. La lueur d'espoir n'interviendra pas plus avec "Crowded Places" co-écrit avec Akale Wube
Horns. Rien de nouveau sous le soleil que ce que d'autres groupes actuels ont déjà joué des dizaines de fois en s'inspirant de la musique ethiopienne, et un mix toujours aussi fade qui,
dès que les cuivres s'éteignent, n'éclaire plus rien. Piste 5: "Warm My Soul", et enfin de la lumière au bout du tunnel. Et pour le choix des harmonies, merci qui? Merci Horace
Andy. Très anglais dans la forme, ce dub me rappelle aussi l'esprit de certains morceaux produits par Adrian Sherwood à la fin des année 90. C'est de loin le meilleur
titre de l'album, ou plutôt devrai-je dire le seul vrai bon titre (pas étonnant d'ailleurs qu'il ait été choisi pour donner son nom au disque). Suit "I'll Be Home Later" et son ton
sud-américain. Les connaisseurs passeront rapidement sur le rendu uniforme de son écriture monotone aux références quasi caricaturales. Les novices comme moi reconnaitront sans effort les
ficelles grossières de l'exercice raté. Puis c'est au tour de la fantaisie instrumentale d'inspiration soul, "Final Good Bye". Ecriture sommaire, musicalité basique, ce morceau, comme
tous les autres compris dans l'album pêche surtout par ses arrangements inexistants et ses répétitions de formes et de tournure. 4 minutes 20 durant lesquelles il ne se passe rien de
fondamentalement original, si bien que 3 minutes auraient suffi. "Treat Me Like That", et à nouveau l'autoroute reggae, suranné et entendu des centaines de fois, avec en prime un chant à
la limite de la cassure et plus souvent faux que juste (parfois faux c'est beau, mais pas là). Je vous passe de commentaires les 3 derniers derniers morceaux dont la reprise dub de
"Hercules" pour laquelle on ne se relèvera pas la nuit, hormis bien sûr pour aller pisser.
Malgré les nombreuses collaborations (Shawn Lee, Hugh Coltman, Aqeel, Courtney John ou Tommy Guerrero) et l'emploi de musiciens
(Julien Bittner et
Tommy Guerrero à la guitare,
Shawn Lee et Karl Hector à la batterie, François Faure et Guillaume Métenier aux claviers,
Olivier Guerard à la basse, ou
encore la formation de cuivre des parisiens de "The Akale Wube"), "Warm My Soul" souffre d'un déficit de substance et propose un son "cheap" et linéaire. Quelques tentatives échouées, comme la reprise du titre
"Hercules". L'audace aura pour le
moins l'obligeance de nous donner envie de réécouter le morceau original de Allen Toussaint
plutôt que la version qu'en ont fait Blundetto et Hugh Coltman (c'est déjà ça).
Désolé pour la franchise, mais voici les faits tels qu'ils me sont apparus. Vous comprendrez que dès lors je me sente
obligé de vous faire part de mon avis dissonant sur le sujet afin de ne pas vous laisser tomber dans le piège d'une promotion annoncée à grand renfort de publicités. Sans exagérer le propos,
allez donc dépenser votre argent ailleurs qu'ici, et si vous doutez de ce que j'avance, envoyez le bousin ci-dessous, et écoutez par vous-même.