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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 07:45
http://3.bp.blogspot.com/_xZLlG60sJY0/TUxwzvU-6PI/AAAAAAAAEmE/v6z_eFzVINY/s1600/EricLegnini%2526TheAfroJazzBeat501.jpg
Cette voix, c'est celle de Krystle Warren, une américaine que le pianiste Eric Legnini découvre pour la première fois sur le plateau de One Shot Not et avec qui il improvise un boeuf qui ne passera pas inaperçu. Rendez vous est donc pris pour une rencontre inspirante qui s'avèrera très fructueuse, comme le prouve la qualité de leur collaboration ici présente. Mais par homonymie, c'est également celle qu'il a décidé de suivre depuis qu'il ne souffre plus d'avoir à assumer toutes les influences qui l'inspirent. Cette voie dont les chemins sont pluriels et infinis, il n'hésite plus à l'emprunter ouvertement, au point de tout incorporer sans restriction sur ce très bon dernier disque, "The Vox", qui, autant vous le dire, est pour moi parmi les plus belles réussites du genre ouvert sur la sphère jazz de cette année. La formulation peut paraitre surprenante mais je m'explique.

Parce que du jazz, bien sûr, il y en a. C'est même le canevas de tout ce qu'il entreprend depuis maintenant plus de 20 ans, de Stefano Di Batista aux frères Belmondo en passant par Claude Nougaro ou Aldo Romano. Mais pourquoi ne devoir se limiter qu'à cela dès lors que l'on sait et que l'on peut s'entourer de très bons musiciens, tous capables de porter un projet aussi pertinent et ouvert que celui-là, chacun apportant son expérience au service d'une même ambition. L'ouverture opère donc naturellement, comme un photographe manquant de lumière ouvrirait logiquement le diaphragme de son objectif pour rechercher l'accord parfait entre le sujet et le rendu.  Du coup, on retrouve ici de l'affrobeat, de la soul, du gospel, du funk, une rythmique qui groove comme il faut, sans tapage ostensible, une basse ronde, des cuivres aux attaques soulignant ponts ou refrains, pas plus, des percussions enregistrées sur le sol africain (une volonté de Legnini), et puis l'accord entre le piano ou le rhodes et la voix. Coulant, harmonieux, respirant et très bluesy pour l'un. Chaude, profonde, suave et rocailleuse pour l'autre. Un déferlement iconoclaste de 11 titres aux goûts variés qui sillonnent de bout en bout toutes les productions; un régal pour les oreilles et les sens et qui, de plus, porte en lui l'avantage de pouvoir toucher un auditoire d'aficionados, pour beaucoup déjà conquis par les précédents albums de Legnini, comme de néophites, ces derniers étant souvent bousculés dans le choix de leurs pertinences lors de l'achat de disques par les codes et les appréhensions schématiques que peut porter le jazz auprès des "non initiés", forcément un peu perdus dans ce milieu d'apparence fermée, mais en réalité bien plus riche et ouvert que l'on voudrait bien le croire. Pour eux, certainement que "The Vox" pourrait être un premier pas salvateur vers cette terre si fertile mais trop souvent laissée en jachère par les médias et les "vendeurs" de cultures.

Dans cette partie ci du monde, pas de chorus à répétitions, hormis forcément ceux du leadeur, et donc du piano. Pour le reste, ou dirai-je plutôt, pour The Afro Jazz Beat, l'appelation d'origine controlée qu'a "labélisée" E.Legnini pour la formation qui l'accompagne, tout est très écrit et très bien "cadré", voir encadré. Même les morceaux ne débordent jamais au delà de 6 mns (6.15 pour "Canyon Lady"). Un certain "formatage" qui peut surprendre, mais qui personnellement ne me choque pas du tout. Le monde est vaste et suffisament nourricier pour ne jamais avoir à mourir de faim. "The Vox" offre le gite et le couvert pour tous, d'où que vous veniez.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/71x3gX%2Ba8wL._AA1500_.jpg


          
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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 09:00

 

 

Les superlatifs honorifiques se bousculent pour exprimer toutes les émotions nous traversant à l'écoute de cet album, par ailleurs récompensé au titre de meilleur album français lors des Victoires du jazz en 2006. Suggéré par Ronan Palud, également producteur associé de ce projet, la rencontre des frères Belmondo (le saxophoniste Lionel, 47 ans, et le trompettiste, bugliste, et batteur de jazz Stéphane, 43 ans) avec  Jusef Lateef est bien une affaire d'Influence, même si ce qu'elle engage va bien au-delà du seul rapport de filiation stylistique.

http://www.charentelibre.fr/image/article/510x328/1014900_3264541.jpg


Voici ce que disaient les 2 frères à propos de ce grand musicien au charisme prophétique:

« C’est d’abord quelqu’un qui a créé son propre label, YAL, qui compte 80 disques. Tous les gens que ça intéresse peuvent commander les albums de Yusef Lateef sur son site. C’est un choix dans lequel on se reconnaît puisque nous avons créé notre propre label b-flat pour mener à bien nos projets avec notre distributeur Discograph. C’est le prix de la liberté, parce qu’il n’y a pas de liberté sans culture. Influence, c’est effectivement le titre. Il fait parti de ces gens qu’on respecte depuis toujours. Mais aujourd’hui l’influence est mutuelle. Nous sommes influencés par Yusef, Yusef est influencé par nous. Il vient de repartir aux Etats-Unis avec le disque de la 2ème symphonie de Rachmaninov ! ».

Les points communs sont nombreux et l'on aurait tort de n'y voir qu'une série de coïncidences. Ils participent d'une même manière de vivre la musique entièrement, avec foi et conviction. Lionel Belmondo ne pouvait que ce reconnaitre dans ce grand aîné venu d'Amérique. Un homme aux nombreux visages, à la force de caractère intègre, qui s'est retiré du milieu du jazz pour ne pas avoir à frayer avec les compromissions du show business; qui s'est investi dans l'enseignement avec le goût de la transmission, qui a toujours prêté intérêt aux racines africaines du jazz, assumant ses choix sans douter; qui a persévéré contre vents et marées à réaliser ses projets les plus ambitieux quand il n'était aux yeux de bien des gens qu'un simple "jazzman" parmi tant d'autres; un homme, enfin, qui a toujours fédérer les musiciens avec lesquels il jouait, notamment à Detroit, et suscité leur admiration au point qu'ils se réfèrent à lui comme à une éminence grise (gourou de John Coltrane - qu'il arracha de la drogue en l'initiant aux lectures de la Bhagavad-Gita, Lateef fut le premier, dans les années 1950, à instiller dans le jazz les gammes et les harmonies venant d'autres continents, annonçant les albums Africa Brass, de Coltrane, ou Milestones, de Miles Davis, ce dernier l'ayant bien connu pendant les 6 mois qu'il passa à Detroit en 1953).

http://www.planete-jazz.com/images/artistes-jazz/Yusef-Lateef.jpg


Cet échange s'exprime sur un double album réunissant un disque de compositions écrites par Lionel Belmondo et Christophe Dal Sasso, et un second à partir des compositions de Yusef Lateef. Voici ce qu'en a dit Lionel:

« Le concept de l’album résume toute cette démarche. Mais il ne devait y avoir qu’un disque ... On a commencé avec Christophe, mon deuxième frère, qui a composé pour Yusef. On travaille sur Final, un logiciel de musique. On se met autour de la table, on dialogue, on s’affronte, on s’engueule. Pour l’album, on a retenu "Shafaa", cela veut dire intercession en arab. Christophe a également écrit une suite pour Yusef, Influence (17 minutes). On se connaît depuis qu’on a quatorze ans. Je voulais que l’album porte le nom d’une de ses compositions. On a repris "Morning" et "Métaphor" issu de son premier album Jazz Mood. Egalement "Iqbal", une ballade écrite pour sa fille. Il y a un seul exposé dans le morceau et j’ai choisi de développer un deuxième exposé, comme je le fais avec les Français du XIXe, Fauré ou Boulanger. Pas question de faire du passéisme. C’est le lien entre le passé et le présent qui nous intéresse. C’est un morceau dédié à sa fille qui un matin ne s’est pas réveillée. Je pleure à chaque fois. Et puis cadeau, Yusef nous a amené deux compositions : "Le Jardin", hommage à la France et "An afternoon in Chatanooga" qui est le nom de sa ville natale. Six mois avant de rentrer en studio, il a retravaillé le haut-bois qu'il n’avait pas joué depuis 11 ans. Les deux derniers concerts, dont celui de Toulouse, il s’est levé, il a joué debout. Un solo d’un quart d’heure sur le ténor. Partout il a rappelé que l’enjeu n’est pas le jazz, mais la musique. C’est ça la création ».
What else?

Propos repris en grande partie d'une interview pour RFI en novembre 2005 ainsi que de l'hommage rendu par le journaliste à Jazzman Vincent Bessière qui figure dans le livret accompagnant le cd.


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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 08:30

 

 

http://www.rochesterjazz.com/press_room/artist_photos/2009/ChicoHamilton.jpgParlons aujourd'hui de l'oeuvre la plus réussie du batteur de jazz américain Forestorn Hamilton (Chico pour les intimes) avec son disque le plus connu, "The Dealer", enregistré en septembre 1966 et regroupant pour l'occasion quelques noms célèbres de la scène jazz d'Outre Atlantique. Tout d'abord clarinettiste au sein d'un groupe formé autour de copains d'écoles, ce n'est qu'à partir de 1942 durant son service militaire que Chico étudie sérieusement le solfège et la batterie en compagnie de Jo Jones. En 1948 il rejoint la chanteuse Lena Horne qu'il suivra partout durant près de 8 ans de bons et loyaux services. Un apprentissage qu'il juge indispensable et qui le poussera à devoir sans cesse s'adapter à toutes les situations musicales possibles envisagées par la chanteuse, qu'elles soient rythmiques ou mélodiques (encore aujourd'hui lorsque le calendrier le permet elle continue de s'adjuger ses services pour des dates importantes). Cet endurcissement théorique et pratique va naturellement transpirer sur son jeu (une frappe peu académique alliée à une fluidité constante très reconnaissable), et la rigueur employée à suivre les pas d'un autre (en l'occurence d'une autre) lui ouvrira les portes d'une singularité naissante mise au service de la musique. En 1955, après avoir déjà enregistré comme sideman dans différents projets, il enregistre son premier album en tant que leader pour la firme Pacific Jazz. Suivront plusieurs formations assez diverses et des enregistrements très lucratifs pour le cinéma ou la publicité qui lui rapporteront de quoi monter sa propre maison de production, mais c'est bien en 1966 que la consécration (trop relative) aura lieu lors de la sortie de "The Dealer" chez Implulse.
Egalement reconnu pour sa qualité de découvreur de talents et son aptitude de chef d'orchestre rigoureux et perspicace, il donna alors sa chance à un jeune guitariste de 23 ans encore inconnu du grand public mais qui ne tardera pas à faire parler de lui, Larry Coryell. Un an avant qu'il ne rejoigne le Gary Burton Quartet, Hamilton lui offre ainsi son premier enregistrement officiel (Gabor Gzabo venant de le quitter pour voler de ses propres ailes), et le talentueux jeune homme ne tarde pas à se distinguer. La force du guitariste est de parvenir à donner à cet album un accent blues/rock très prononcé qui marquera durablement les esprits, faisant de "The Dealer" un immanquable et un incontournable parmi les précurseurs naissants du style jazz/rock. Le saxophoniste alto Arnie Lawrence y tient une place tout aussi importante dans le dialogue des compositions où l'improvisation entre les musiciens prédomine allègrement. A signaler également (le phénomène est plutôt rare) qu'Archie Shepp joue du piano sur le morceau de sa composition "For Moods Only", un titre funky à la mélodie hyper efficace sur lequel tous les comparses s'expriment avec une joie et une force irrésistibles. "Larry Of Arabia" (surnom choisi par Chico pour le guitariste) est un morceau blues écrit par L.Coryell. L'orgue fluide de Ernie Hayes et la batterie de Hamilton ne sont là que pour répondre au jeu d'improvisation dans lequel se lance le prodigieux technicien durant plus de 5 minutes. Une entrée fracassante pour un jazz plus moderne qui n'hésite plus à s'inspirer de structures mélodiques différentes de celles qu'on lui connaissait jusqu'ici, quitte à déroger s'il le faut à certaines "règles" d'écritures et de compositions.
Au final, 7 titres tous très différents mais joués tout du long avec la même énergie créatrice et communicative. Si vous aimez les jolies rencontres et les riches associations d'idées de belles factures, alors ce disque est fait pour vous. Blues, rock, soul, jazz, tout y est joué dans une simplicité cachée digne par ailleurs des plus grandes exigences. Ne vous y trompez pas, vous avez bien là à faire à un album "classique" qui malgré les années ne perd pas une ride et garde toute sa spontanéité originelle. Depuis sa réédition en 1999, ce disque compte 4 morceaux bonus supplémentaires enregistrés entre 62 et 65 dans un style plus "conventionnel" mais tout aussi réjouissant. Avouez que ce serait dommage de se priver d'une telle oeuvre et de ne pas la voir figurer dans toute bonne discothèque digne de ce nom.  

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 08:26
http://jazztimes.com/images/content/articles/0002/5086/200208_042_depth1.jpg?1230021187

Grant Green est bel et bien Le guitariste de référence du label Blue Note des années 60 (ou même l'un des meilleurs du 20e siècle), et si vous en doutiez ou que tout simplement vous ne connaissiez pas encore cet artiste incontournable, il est grand temps de vous rattraper car tout n'est pas perdu. Si de plus vous appréciez le blues et la soul mais que vous n'imaginiez pas que l'on puisse accorder ses différentes musiques au jazz, alors vous découvrirez que les possibilités sont immenses et vous n'aurez j'en suis sûr aucun mal à plonger dans ce disque somptueux enregistré en 1963. C'est certainement l'un de ses albums majeurs dont le titre principal repris du nom de l'album, "Idle Moments", reste un chef-d'oeuvre de construction mélodique et d'improvisation joué tout en souplesse et en délicatesse à ne surtout pas louper.




En producteur éclairé toujours soucieux de faire de la bonne musique, Alfred Lion (co-fondateur avec Max Margulis du label Blue Note) avait suivi les recommandations de Lou Donaldson qui lui avait conseillé d'embaucher le jeune homme après l'avoir repérer lors de ses concerts donnés à St Louis, la ville natale de Grant, lequel devint aussitôt le "sideman" de prédilection du saxophoniste. Sa carrière était lancée et nombreuses seront les stars du milieu à lui permettre de les accompagner sur leurs albums (Lou Donaldson - Hank Mobley - Sonny Red - Herbie Hancock - Bobby Hutcherson qui joue du vibraphone sur ce disque alors qu'il n'a que 22 ans - Jimmy Smith - Donald Byrd - Art Blakey, la liste serait trop longue, mais sachez qu'il a enregistré une centaine d'albums dont 32 sous son nom). Son oeuvre immense s'arrêta malheureusement brutalement en janvier 1979 des suites d'une enième crise cardiaque, qui cette fois-ci lui sera fatale, et que l'on peut sans doute imputer aux nombreuses drogues qu'il prenait régulièrement et dont il ne parvenait pas à se détacher. Il sera néanmoins passé par toutes les grandes écoles formatrices du jazz, du be-bop au cool, du hard-bop au modal, jusqu'au jazz-funk qui le consacrera dans les années 70, et aura indéniablement marqué l'histoire de cette musique tout comme de nombreux guitaristes qui trouveront dans son jeu une source d'inspiration inépuisable (au point pour moi de ne pas comprendre pourquoi le nom de Grant Green semble aujourd'hui inconnu pour la majorité des gens). Comment ne pas continuer à célébrer ce guitariste d'exception, virtuose modeste aux phrasés "bluesy" aussi limpides que de l'eau claire, à la technique atypique fabriquée de manière étonnante dès son plus jeune âge (à force de reprendre à la guitare tous les chorus de cuivres joués par Charlie Parker ou d'autres), et qui lui permettaient de vraiment se distinguer pour faire chanter son instrument comme personne.


Il est donc grand temps de réparer cette injustice du temps passé érodant l'image de ce grand Monsieur du jazz et de parler à présent de "Idle Moments", ou comme son nom l'indique de ces moments de loisirs, ou de bonheurs, que se sont accordés Joe Henderson (sax ténor), Bobby Hutcherson (vibraphone), Grant Green (guitare), Duke Pearson (piano), Bob Cranshaw (basse), et Al Harewood (batterie), lors de leur passage dans le célèbre Van Gelder Studio, le 4, puis le 14 novembre 1963. Le disque s'ouvre sur une composition du pianiste Duke Pearson, "Idle Moments". C'est Le très gros titre de ce disque (en fait tous sont très bons mais celui-là obtient la palme d'or). Un blues très lent, d'abord entonné par son auteur, au piano, accompagné du bassiste, puis rejoint par le vibraphone et la guitare qui nous sussurent à l'oreille et en choeur cette merveilleuse mélodie. La batterie est bien là mais reste en retrait. La mise en place est tranquille et prend son temps. Pas besoin de se presser, c'est le mot d'ordre. Simplement l'essentiel, sans dorure mais surtout sans fioriture. Mais c'est déjà trop tard. L'insertion est immédiate et il n'y a plus moyen d'en ressortir. Quelques 64 mesures plus tard, soit pas moins de 2 minutes pour poser le thème (les notes suffisent pour tout de suite comprendre qu'on a là quelque chose d'exceptionnel), Grant prend la parole. Un peu plus fort que les autres. Comme un murmure plus clair il appose sa patte à l'édifice en construction. Toutes griffes rentrées il avance lentement de son air serein. Puis, comme de coutume et pour notre plus grand plaisir,chacun gravit à son tour les marches de l'ouvrage selon son envie en y allant de son solo respectif. Pas de danger, les pierres sont plus que stables et la démolition n'est pas prévue avant des siècles. C'est un temple bien ancré qui à présent illumine tout sur son passage. Impossible de rester insensible à tant de générosité et de classe. Il faut savoir que ce titre s'est joué de manière assez instinctive. Duke Pearson explique que le thème devait être plus court mais qu'à la suite d'une certaine confusion au moment de jouer "live", plus personne ne savait s'il fallait 16 ou 32 mesures (15 minutes plus tard, oups...). Bien sûr, Alfred Lion avait été tout de suite emballé par le résultat, et même s'il aurait préféré un titre de 7 minutes, face à l'évidence d'une telle qualité il renonça à son idée. "Jean De Fleur" est un hard-bop très bien emmené sur lequel Bobby Hutcherson peut se permettre de lâcher un peu plus de souffle. Ecrit par Grant Green, c'est un morceau plein de swing assez "classique", pourtant c'est évident, la fraicheur et l'enthousiasme sont bien là. Beaucoup de fougue et de doigté et un "timing" un peu plus adapté (6.46 minutes, pas moins). Le 3e titre, "Django", a été écrit par John Lewis en 1956 en hommage au guitariste manouche et est repris pour l'occasion par le sextet. On sait donc où on met les pieds. J'aime beaucoup ce titre et pourtant je ne suis pas très fan du jazz manouche en général, encore moins de Django que je considère bien sûr comme un très bon guitariste, mais dont le jeu beaucoup trop rapide et technique ne me touche absolument pas. Cette fois-ci je parviens à écouter les notes sans aucun effort d'adaptation physique ou psychologique et à m'imprégner de l'ambiance ouateuse et chantante qui vont si bien à cette musique lorsqu'elle sait prendre le temps de rendre le temps. Un délice sucré et plein de saveurs. "Nomad" est de la même veine que "Jean De Fleur" mais laisse cette fois-ci beaucoup plus de place à la section rythmique.

 

Toujours aussi simpliste en apparence mais diablement efficace, "Idle Moments" porte à coup sûr la marque des grands. Tous les musiciens partagent la même ferveur et le même entrain du début à la fin de l'album. Beaucoup d'âme, d'émotions, et de sensations, du groove à souhait qui nous fait taper du pied sans qu'on n'ait rien demandé. Tout est dans ce disque que j'espère vous avoir donné l'envie d'apprécier. L'acheter ne coûte presque rien et vous l'aurez compris, il mérite largement l'investissement.


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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 11:36
http://www.lefigaro.fr/medias/2009/10/09/20091009PHOWWW00265.jpg
Avec ma précédente chronique concernant l'album "A Tribute To Jack Johnson" enregistré en février et en avril 1970, je tentais de vous faire part de mon amour immodéré pour la musique avant-gardiste du génialissime Miles Davis. Un tel métissage de rock et de jazz n'avait encore jamais été osé, à tel point que la Columbia ne croira pas à son succès et en bâclera la publication en 1971. 40 ans plus tard, ce disque (comme bon nombre d'autres) figure parmi les plus apprécié des amateurs et constitue un témoignage incontournable pour quiconque souhaite appréhender la musique du trompettiste.

En 2 ans (de 68 à 70), Miles est passé par de nombreux états créatifs et s'est appliqué à constamment rechercher de nouveaux sons, toujours plus révolutionnaires, capables d'exprimer ce que personne n'avait encore jamais envisagé. Ce changement de direction est en partie dû au tout nouveau patron de Columbia, Clive Davis, qui a su prendre la mesure de la montée des musiques pop, rock et folk. Dès 1967 il presse les jazzmen de son catalogue d'évoluer ou de partir. Miles aspire à relever le défi face à ces musiques blanches qui l'intriguent autant qu'il les méprise, et veut sortir du ghetto les musiques noires populaires (soul - funk) dont il estime le rock redevable. Cette même année, il expérimente avec sa formation de nouvelles techniques d'enregistrement, laissant tourner les bandes en continu pour les laisser aux montages de son producteur Teo Macero, et impose les claviers électriques à son pianiste Herbie Hancock (il adorait ce qu'en faisait Joe Zawinul avec Cannonball Adderley). C'est également à cette époque qu'il décide d'incorporer de la guitare à sa musique (Joe Beck - George Benson). A force d'écouter James Brown, il commence à aimer de plus en plus le son de cet instrument, et jusqu'à la fin, il aura presque toujours un guitariste dans son orchestre. Guitare plus électricité: une combinaison qui va changer sa musique. Un nouveau jazz était né, et avec lui une nouvelle ère extrêmement prolifique se faisait désormais sentir.


 

 


 "Filles De Kilimanjaro" est un des disques les plus représentatifs de ce changement en cours, mais aussi personnellement l'un des plus beaux qu'il ai écrit (pour l'anecdote, Kilimanjaro, en plus d'être une montagne africaine bien connue, est une société de torréfaction lui appartenant). C'est Betty Mabry, future Madame Davis (elle enregistrera par la suite sous le nom de Betty Davis), qui figure sur la couverture. Cette jeune femme de 23 ans qui s'est imposée au coeur de la scène noire branchée, présente Sly Stone et Jimi Hendrix à Miles et lui apprend à s'habiller autrement qu'en complet-veston. Sa brève influence (ils ne seront mariés qu'un an) sera décisive dans la suite de la carrière de Miles. A présent, le studio est devenu pour lui un lieu privilégié lui permettant toutes les audaces, et il y passe le plus clair de son temps. Enregistré le 19, 20, 21 juin, puis le 24 septembre 1968, "Filles De Kilimanjaro" est également le disque qui marque la fin du deuxième quintet de Miles Davis comprenant alors Ron Carter, Wayne Shorter, Tony Williams et Herbie Hancock (au moment de terminer l'album en septembre, Chick Corea et Dave Holland ont pris la place de Herbie Hancock et Ron Carter). C'est désormais lui seul qui compose tous les morceaux (notons que Gil Evans a certainement contribué aux arrangements mais qu'il n'a jamais été crédité). Son jazz se modernise pour s'ouvrir vers d'autres sonorités plus contemporaines, plus "jeunes", et qu'il espère propices à toucher un plus large public.

C'est d'ailleurs le fait le plus marquant du tournant qu'il emprunte. Il n'hésite plus à piocher dans d'autres répertoires pour faire évoluer son jeu. Le titre "Mademoiselle Mabry" (une pure merveille), qui se développe à partir des premières notes de "And The Wind Cries Mary" de Hendrix, et "Frelon Brun" (tout aussi prodigieux), inspiré de "Cold Sweat" de James Brown, suffisent à comprendre que, comme toujours chez Miles, la distance d'avec le modèle est à l'échelle de son pouvoir de transfiguration. Très proche du mythique "In A Silent Way" de 1969, dont quelques morceaux présents sur "Filles De Kilimanjaro" figurent dans le coffret intégral des sessions d'enregistrements, vous ne serez pas surpris à son écoute de constater les prémices d'un jazz dépouillé et "sommaire" préfigurant la nouvelle orientation rythmique et mélodique qu'impose l'utilisation de ces nouveaux instruments. Comme autant de respirations majestueuses, les solos laissent plus de place aux silences et n'expriment plus que l'essentiel des notes. Une justesse étourdissante de vitalité où chacun y va de son hymne à la vie. Les structures se disloquent doucement sur le son limpide de la trompette. Les claviers électriques se font plus discrets et tempèrent graduellement de leurs grooves irrésistibles les chorus que se renvoient Davis et Shorter sur "Petits Machins", puis Shorter et Williams sur "Tout De Suite". A seulement 22 ans, Tony Williams s'affirme désormais comme l'un des tout meilleurs batteurs du monde, et son affinité avec Miles se ressent sur tous les morceaux de l'album. Clairement, on approche de la perfection et on fleurte avec le miracle.


En parlant de Miles, le critique Max Harrison avait déclaré: « excepté dans sa jeunesse, ce trompettiste n'a jamais été un très bon soliste», s'empressant de rajouter: «c'est son approche du jazz dans son ensemble qui est au coeur de sa créativité ». En effet. Il n'en avait d'ailleurs pas la prétention, comme l'atteste cette déclaration: « Dès qu'on souffle dans un instrument, on sait qu'on ne pourra rien en sortir que Louis (Armstrong) n'ait déjà fait ». Mais qui d'autre aura été aussi visionnaire dans le choix de ses musiciens et dans la direction artistique à suivre. En fait personne (ou si peu).  Miles à construit et façonné de nouvelles musiques pendant prêt de 40 ans, relevant constamment de nouveaux défis, et sans jamais douter. Sa perspicacité et son audace tiennent pour beaucoup dans sa réussite, tout comme son entourage. "Filles De Kilimanjaro" n'est qu'une preuve supplémentaire de cet incroyable parcours, et un testament éloquent quant à la beauté de sa musique. Un indispensable, assurément.


Une dernière citation pour la forme, en guise de conclusion. Répondant à un journaliste, toujours aussi modeste et humble s'agissant de parler de lui: « Qu'avez-vous fait de si important dans votre vie ? J'ai changé la musique cinq ou six fois ». Et lucide avec ça...


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